Phenomenon D-999 - Chapitre 6

Jakylla venait d'attacher l'homme balafré avec la corde que nous avions prise. Alors que je passais à côté de lui, et que je décidai de l’interroger, Jakylla se dirigea vers Nightmare. Je suppose qu'il y avait une raison pour laquelle il n'avait pas beaucoup bougé.
Je lançai un regard dur à l'homme qui me faisait face, avant de lui parler. Avec mon "magnifique", je m'adressai donc à lui, en anglais :
- Alors, m*rdeux, qu'est-ce que tu voulais à l'autre gamin?
- Vous allez tous mourir, il ne permettrez pas à des créatures aussi faibles que vous de survivre, répondit l'homme balafré d'un ton de défi.
- En attendant, c'est toi qui t'es fait remettre à ta place, répondis-je, un sourire narquois faisant saillir les commissures de mes lèvres.
- Ça ne sert à rien de vous parler, vous ne comprendrez jamais en quoi la fin de l'humanité est un mal nécessaire, soupira l'homme.
- Tu semble en savoir plus sur la situation actuelle que nous. Parlons donc un peu.
- Si tu veux, savoir la vérité ne changera rien à ta mort imminente.
- Donc, que se passe-t-il ici?
- Il a testé ça nouvelle arme sur ce pays. Les résultats sont plutôt concluants, nous allons donc bientôt passer à l'étape suivantes, après avoir vidé le pays des derniers survivants. Vous n'y échapperez pas, répondit d'un ton las l'homme.
- Si j'ai bien compris, ton chef veut l'extinction de la race humaine? Et cela serait un moindre mal? Tu te fous de ma gueule?
- Crois ce que tu voudras, la race humaine n'a eu de cesse que de faire souffrir notre planète, il est tout à fait logique que nous la faisions disparaître, répondit toujours l'homme, apparemment endoctriné par une sorte de secte.
- En quoi cela justifie-t-il l'éradication de la race humaine? Tout au plus, cela remet en cause notre mode de vie répondis-je, de manière un peu machinale.
- Est-ce là vraiment ton avis?
Je montrai un sourire sadique à l'homme. Ce dernier sembla m'avoir compris, et montra à son tour un sourire fin, alors qu'il ferma les yeux, et se laissa tomber en arrière. Son expression avait vraiment changé : il semblait en paix, heureux.
- Je n'ai plus envie de parler. Et surtout pas a un malade comme toi.
J'avais toujours un sourire apaisé sur les lèvres, alors que je me redressai, et m'étira légèrement. Mes muscles, stressés, me tiraient, mais la douleur était pour la majeure partie. J'avais par contre une douleur persistance au niveau du thorax. Mais qu'importe, je me sentais plus vivant que jamais.

Après quelques minutes, je me trouvais face à Nightmare. Il était toujours au sol, et il poussait des grognements alors que Jakylla attachait deux bouts de fer autour de sa jambe avec un bout de tissu qu'il avait trouvés dans les décombres avoisinantes. Le tissu en question était couvert de sang frais. Je devinai donc qu'il s'était cassé la jambe, et que sa blessure saignait encore.
- On dirait que tu t'es fait mal, dis-je, en tendant ma main à Nightmare.
- Parle pour toi, enfoiré.
Il refusa de prendre ma main, et s'aida de Jakylla pour se relever, laborieusement.

Lorsqu'il fut enfin debout, il sembla tituber légèrement.
- Cet idiot est tombé en cherchant à attraper un truc par la fenêtre, m'éclaira Jakylla.
- Ferme là ! Je voulais sauver une gamine, c'est tout ! interrompit Nightmare.
- Oui, bien sûr... Jakylla, j'ai encore mal aux ventres, tu t'occupes de le ramener, et toi, dis-moi où sont partis les autres? Demandais-je.
- On s'était séparé pour chercher des trucs à manger... Chi et Mao doivent toujours être dans le coin, et les autres se dirigeaient vers Ikebukuro.
- Je vois... Je vais chercher ceux qui sont encore dans le coin, vous rentrez. Donne moi le sabre, Jakylla.
Il me donna le sabre, puis parti en direction de notre planque.

Le sabre à la main, je regardai avec intensité son fil. J'étais captivé par les reflets de lumière sur la lame noire. Il s'agissait sans doute d'une belle pièce d'art. Je me tournai vers l'homme balafré, et lui parla :
- je te laisse maintenant, mais tu diras à ton chef que nous survivrons. Vois-tu, les humains sont pire que les cafards... Même si tu penses en avoir fini avec eux, ils trouveront toujours un moyen de revenir détruire ce que vous construirez.
- Tu parles comme si je n'étais pas humain.
- Bien sûr, je sais que tu ne l'est pas, je peux voir tes oreilles pointues à travers ton bonnet. Je ne savais pas, par contre, que les elfes existaient vraiment, dis-je, un sourire forcé sur le visage.
- Nous ne sommes pas vraiment des elfes, mais je ne t'en dirais pas plus. Va-t-en, tu as gagné, inutile de te moquer ainsi de moi.
- Bien, je te laisse donc, portes-toi bien, elfounet !
Sur ses paroles, je partis en sifflotant, d'une démarche volontairement exagérée. Je devinais que l'elfe enrageait, mais je continuais à descendre le long de la rue défoncée. Les bâtiments effondrés et le manque d'intensité lumineuse donnaient à la ville en ruine une ambiance nihiliste et malsaine, mais cela ne m’inquiétait guère : j'avais trouvé un but. Je voulais rencontrer cet il que cet homme semblait tant admirer.

Ignorant les bourrasques et les craquements sonores qu’émettaient les ruines alentour, je regardais la lune blanche dans le ciel. Sa pâle lueur s'estompait peu à peu, couverte peu à peu par un épais banc nuageux.
que ce monde est beau pensais-je.

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