____Mardi. La nuit avait porté conseil. J'avais encore des doutes hier, mais aujourd'hui, j'étais sûre de moi Ce choix était dur, mais nécessaire. Je ne voulais voir aucun de mes proches mourir. Et étant donné ce phénomène de ''téléportation'', j'avais fini par croire ce qu'indiquait la gravure. Je ne voulais pas attendre ce soir, je ne voulais pas prendre le risque de voir quelqu'un mourir. J'avais été trouver un couteau, à l'origine pour pouvoir me défendre, et je cherchais désormais une victime. Je gardai mon sang froid. Je posai le couteau le long de ma paume de main. Il la dépassait. Tant mieux. La longueur de la paume de la main équivalait la distance entre la cage thoracique et le cœur. Je voulais en finir d'un coup, je n'avais aucune envie de m'y reprendre à plusieurs fois.
____Mes études en médecine m'avaient fait gagner en sang froid et en recul. En me concentrant, je réussissait à peu près à ne voir le patient comme un simple corps à opérer, alors je serai capable de voir mes amis comme un corps à transpercer. Du moins, je l'espérai au plus profond de moi. Alors que je continuais de marcher, j'entendis au loin des bruits. Ça ressemblait à des coups réguliers contre du métal, résonnant dans un endroit couvert. Je m'approchai de la source de ces bruits. Comme il n'y avait personne dans la ville, cela provenait sûrement de l'un de nous. J'arrivai finalement à l'entrée d'un parking souterrain. Les bruits résonnaient dans toute la surface du parking, et il devenait difficile de trouver l'emplacement de leur source. Des cris s'ajoutèrent aux bruits, et je m'approchai d'une des zones du parking, apercevant une silhouette non loin de là où je me trouvais. Nightmare.
____Il était complètement déboussolé. Il s'énervait, frappant un des poteaux en pierre du parking d'une barre de métal qu'il s'était trouvée pour se défendre. Criant des « raaah ! » et des « putaiiin » à qui mieux mieux, il n'arrivait pas à se contrôler. « Rien d'étonnant », pensai-je, en me remémorant son excitation omniprésente sur Skype. Il devait être au summum de l'énervement dans une situation pareille Malgré sa rage régulière, je savais qu'il avait bon fond. Il semblait prêt à se battre, et sûrement le serait-il s'il se trouvait devant une menace, mais quelque chose me disait que devant des amis, même des amis devenus une menace, il deviendrait impuissant. Cependant, je ne comptais pas me battre en face à face. Je plongeai ma main dans ma poche et senti la lame aiguisée du couteau. N'y avait-il aucune autre solution ? Je songeai à mes amis, ma famille. Je voulais qu'ils vivent. Je voulais que tout le monde vive. Je ne voulais pas mourir. Je voulais sauver des vies, longtemps. Et ce choix demandait des sacrifices. Je resserrai mes doigts sur le manche. Il fallait agir vite. Et pour ça, il fallait d'abord l'approcher. Pas évident, étant donné qu'il balançait sa barre métallique dans tous les sens. Il allait falloir ruser. Comment pouvait-on en être arrivés là ? Je sortis à découvert, la main dans la poche, prête à dégainer le couteau.
____« Night...
____- QU- ?! Baki !... salut... tu es venue pour me tuer, alors,... ?
____- Non... Je tentai d'être la plus crédible possible, effaçant toute émotion. Je viens te demander de me tuer.
Sous la surprise, Night arrêta de fracasser son arme contre la colonne de pierre et me dévisagea.
____- Te... tuer ?
____- Je ne veux tuer personne, alors je préfère mourir tout de suite.
____- Mais... je ne veux pas te tuer ! Je ne pourrais pas tuer une amie ! Je tiens à toi comme je tiens à vous tous !
____Je me mordis la lèvre. Il ne fallait pas que les sentiments prennent le dessus sur ma détermination. Je m'approchai de lui tout en maintenant son attention sur mes paroles.
____- Je suis trop faible pour tuer qui que ce soit. Je sais que c'est égoïste de te demander de me tuer alors que moi-même je ne veux tuer personne, mais... si tu ne tues personne avant ce soir, l'un de tes proches mourra. Je ne sais pas quelles sont les intentions des autres, mais moi, tu peux me tuer sans regrets, et sans difficultés. Je te le demande, tel est mon souhait. Je ne me défendrai pas.
____Nightmare tremblait devant moi, la barre de fer dans les mains. Il s'approcha de moi, tremblant. Alors que nous fûmes très proches, il leva les bras, prêt à m’assommer. Avant qu'il ait le temps de comprendre ce qui lui arrivait, je glissai mon couteau dans sa cage thoracique, à l'emplacement de son cœur. Il cracha une giclée de sang.
____- Je suis désolée, lui soufflai-je, tandis qu'il me regardait avec effroi.
____
Tu n'aurais pas été capable de me tuer, de toute façon. Je retins son corps afin qu'il ne s'écroule pas, et le déposai délicatement sur le sol. Je retirai mon couteau, en essuyai le sang de celui qui fut mon ami, le glissai dans ma poche et m'en allai.
Mes chers parents, mes chers amis, vous voilà sauvés pour encore quelques jours.